Archives pour la catégorie Histoire de la bande dessinée numérique

Parution Phylacterium : Cases·Pixels une histoire de la bande dessinée numérique en France (PUFR)

Ceux de mes plus anciens lecteurs s’en souviendront : cela fait neuf ans que, dans les pages de ce blog, je parle de bande dessinée numérique. Tiens : le tout premier article s’appelait « Entrer dans le monde des blogs bd » (je vous laisse deviner de quoi il parlait ; août 2009 déjà) ; entre novembre 2009 et juin 2011 j’ai publié la série « Parcours de blogueurs« , pour 28 portraits d’auteurs numériques ; et depuis avril 2015, la Tournée Numérique a livré (à peu près) tous les mois l’actualité de la bande dessinée numérique.

Il aurait été bien dommage de ne pas donner à toute cette matière accumulée un autre écrin, moins épars que les billets de blog, et aussi plus durable. Quelque chose que vous pouvez mettre dans votre bonne vieille bibliothèque remplie de bandes dessinées (vous avez encore une bibliothèque physique, non ?). C’est chose faite avec Cases·Pixels : une histoire de la bande dessinée numérique en France, le premier livre « made in Phylacterium », publié aux Presses Universitaires François-Rabelais (Tours), qui sort le 4 octobre 2018.

It-Baudry-CasespixelsC’est un beau bébé : 344 pages (pour la modique somme de 25 euros) écrites par votre serviteur sous la relecture éclairée de Laurent Gerbier, et composées avec talent par Charlotte Boutreux (qu’il et elle en soient remercié.e.s, ainsi que Samuel Leturcq, directeur des PUFR). Et avec en couverture une fort belle composition de Tony, que mes lecteurs connaissent bien, tirée de son Prise de tête.

Que trouve-t-on dedans me direz-vous ? Vous y retrouverez l’inflexible ligne éditoriale de Phylacterium : avant tout, partir des oeuvres et des auteurs pour faire découvrir au lecteur la diversité de la bande dessinée numérique française, bien vivante et au passé non moins glorieux. D’où, en annexe, une galerie présentant 21 oeuvres marquantes, entre 1984 et 2017. Des tas d’autres sont bien sûr décrites dans le livre, parfois en images (et je remercie tous les auteurs et éditeurs ayant acceptés la reproduction d’extraits !). Pour organiser tout ça, rien de mieux qu’une bonne vieille chronologie : l’enjeu est bien de resituer les oeuvres et leurs évolutions (techniques, esthétiques, économiques…) dans le rythme d’une culture numérique qui, entre 1984 et 2017, a largement évolué. Bref : un point de vue pleinement historique sur la bande dessinée numérique française qui devient un objet d’étude à part entière. Et comme on est dans le monde du livre papier qu’on peut prendre le temps de lire tranquillement dans son canapé (rappelez-vous à quoi ça ressemble de feuilleter un livre…), les analyses y sont plus poussées et référencées que sur le blog, pour le plaisir du lecteur, je l’espère ! Une version numérique du livre devrait néanmoins voir le jour pour faciliter la lecture rapide.

Je vous en laisse découvrir la table des matières ci-dessous, et quelques bonnes pages mises à disposition par l’éditeur en suivant ce lien. Et merci de continuer à suivre Phylacterium !

Julien Baudry aka Mr Petch

Cases-pixels_sommaire

Histoire de la bande dessinée numérique, épisode 4

Et voilà la quatrième partie de mon histoire de la bd numérique, toujours sur Neuvième art 2.0. Après les blogs bd, un aperçu de l’évolution de la bd numérique sur Internet entre 2004 et 2009.

Croissance de la bande dessinée sur Internet (2004-2009)

En voici le résumé :

La bande dessinée numérique des années 2005-2008 est éminemment singulière, et donne tous les aspects d’une phase de transition. C’est alors moins la nature des œuvres produites qui change que les conditions de leur réception dans la société française. Les blogs bd, momentanément élevés au rang de standard de l’autoédition en ligne, ont accéléré une médiatisation qui concerne plus généralement l’ensemble de la culture numérique. Les anciens acteurs se professionnalisent de plus en plus. Les pratiques de publication quittent progressivement l’autoédition communautaire pour découvrir le modèle de l’hébergement, voire pour se risquer à un premier « éditeur » de bande dessinée numérique.
L’évolution principale tient donc en l’apparition de nouveaux intermédiaires qui structurent progressivement la bande dessinée numérique pour améliorer la visibilité des œuvres sur Internet ou pour aider les auteurs à passer de la publication numérique gratuite à la publication papier rémunératrice. Mais encore tout cela est balbutiant, tout cela se mélange avec les vieux réflexes communautaires encore vivaces et les anciennes communautés créatives bien actives. Là réside tout le sel des années 2005-2008, trop souvent éclipsé par l’ombre des blogs bd.

Histoire de la bande dessinée numérique, épisode 3

Juste une annonce pour signaler que la troisième partie de mon Histoire de la bande dessinée numérique est paru sur Neuvième art 2.0. Il est cette fois question des blogs bd, une partie centrale de ce panorama historique dont je me suis efforcé de montrer la juste place.

 » Les blogs bd, une spécificité française ? « 

En voici le résumé introductif :

On considère traditionnellement le mouvement des blogs bd comme le démarrage véritable de la bande dessinée numérique française, et comme le particularisme essentielle de la production nationale. Déclenché vers 2004 avec les premiers blogs graphiques, il est incontestablement le premier grand mouvement structuré de production de bande dessinée en ligne, ou du moins le premier mouvement qui entend s’adresser d’abord à un public d’internautes plutôt qu’à une communauté d’auteurs. En médiatisant brusquement la bande dessinée en ligne, il accélère sa mise en relation avec le marché papier et définit un premier type de rapport de l’un vers l’autre où la bande dessinée numérique devient l’antichambre des futurs auteurs de la bande dessinée papier.
Mais derrière les grandes tendances des blogs bd, derrière la façade de l’autofiction dessinée, se cache aussi une diversité d’œuvres dont l’objectif est tantôt la communication pure, tantôt la création, tantôt un peu des deux.

Making of – Ecrire l’histoire de la bande dessinée numérique

Cet article est la seconde partie d’un making of sur l’histoire de la bande dessinée numérique, publié sur le site Neuvième art 2.0 d’avril à mai 2012. J’explique ici les intentions principales qui ont conduit à la réalisation de ce travail.

Après deux ans d’observation attentive des évolutions de la bande dessinée numérique sur mon blog Phylacterium, le moment était venu d’en rédiger une synthèse qui serve de première pierre à l’édifice encore à bâtir de l’histoire de la bande dessinée numérique. Le récent appel à contribution pour Comicalités lancé par Julien Falgas et Anthony Rageul est un excellent moyen d’enclencher une vraie réflexion sur la bande dessinée numérique, qui croise les approches historiques, esthétiques et socio-économiques. A partir du dimanche 29 avril, et à raison d’un épisode toutes les deux semaines, la revue en ligne neuvième art 2.0 hébergée sur le site de la Cité de la bande dessinée va diffuser une « histoire de la bande dessinée numérique » en cinq épisodes. Un panorama qui commence aux premières tentatives de bande dessinée sur CD-Rom au milieu des années 1990, jusqu’à la période de constitution d’un marché éditorial que nous vivons actuellement, en passant par le phénomène des blogs bd en 2005. L’axe problématique principal que j’ai choisi pour analyser les oeuvres et les évolutions en cours est celui des relations entre la bande dessinée numérique et son aînée papier, axe pertinent dans le contexte d’une période de transition et de cohabitation.

L’objectif de ce panorama historique est double. D’une part, il s’agit de mettre à la disposition d’un public varié (auteurs, chercheurs, journalistes, bibliothécaires, éditeurs, amateurs…) des données exhaustives sur la chronologie de la bande dessinée numérique (utilement mise en image par Julien Falgas dans une exposition virtuelle sur Facebook) et les directions les plus évidentes de son évolution ; des repères pour toute personne s’intéressant, personnellement ou professionnellement, à la bande dessinée numérique et voulant vérifier tel ou tel fait, telle ou telle donnée, telle ou telle date. Je fais la synthèse de nombreuses études menées depuis le début des années 2000, rassemblant en un seul endroit des données éparpillées sur Internet et dans les bibliothèques. L’utilité d’un texte de référence me semble d’autant plus évidente que les confusions sont grandes, en particulier à l’heure où le devant de la scène est parfois occupé par des faiseurs de bande dessinée numérisée, et non par une bande dessinée numérique de création qui existe pourtant depuis plus de dix ans. Je souhaite également rétablir quelques exactitudes et éviter les imprécisions qui confondent bande dessinée en ligne et bande dessinée numérique, qui ne voient que la bande dessinée numérisée, qui pensent que la bande dessinée numérique est née avec les blogs bd, ou qui limitent la bande dessinée numérique à un espace de création amateur, gratuit et expérimental. De nombreuses structures sont apparues, certaines ont disparues, mais le paysage qui se dessine entre 1996 et 2012 est bien plus varié qu’on ne pourrait le croire. La méthode historique me permet de livrer un travail qui ne se limite pas à un émerveillement béat face à l’avenir de la bande dessinée, mais qui analyse concrètement les oeuvres, les auteurs et les structures de production, et met au jour le véritable degré d’autonomie de la bande dessinée numérique par rapport à la bande dessinée papier.

D’autre part, le second objectif, à mes yeux plus important que le premier, est d’encourager les réflexions historiques sur la bande dessinée numérique, d’où qu’elles viennent ; journalistes, critiques, étudiants, chercheurs sont invités à prendre mon relai (certains ont déjà commencé), par exemple en répondant à l’appel à communication cité plus haut. Ces réflexions sont indispensables, ne serait-ce que parce que beaucoup des oeuvres sont en train de disparaître dans les limbes d’Internet (Foolstrip, Noomz, les premiers blogs bd sur 20six), et que Internet Archive a été pour moi un allié de poids. Tant que cela est possible, il faut garder un témoignage de ce qu’était la bande dessinée numérique à ses débuts faute de pouvoir le faire dans dix ans. Mon Histoire de la bande dessinée numérique se veut certes un texte de référence, mais il ne suffit pas : il faut poursuivre la réflexion sur de nombreux points encore en suspens que mes limites méthodologiques m’ont empêcher de creuser. Il y aurait encore beaucoup à dire du phénomène des blogs bd pour évaluer son impact global sur la bande dessinée. Les oeuvres des premiers temps mériteraient un examen plus approfondi que je ne le fais, car leur degré d’innovation est souvent exceptionnel et pourrait servir d’exemple aux créateurs à venir. L’analyse économique des structures de diffusion est un travail de longue haleine qui ne peut se résumer à un balancement entre le gratuit et le payant. Parce que ce n’est qu’un manuel introductif, mon texte se limite à l’exposition de grands axes de réflexion et appelle à d’autres analyses plus détaillées, potentiellement contradictoires. Il est destiné à être complété, discuté, critiqué, amendé, et toutes remarques et critiques constructives sont les bienvenues, qu’elles prennent la forme d’un mail à l’auteur (mrpetch@orange.fr), de la publication d’un autre texte, ou de commentaires sur le blog Phylacterium, sur lequel je tiendrais dans les semaines à venir un making-of à épisodes pour expliquer certains choix et ouvrir encore d’autres pistes. Je ne prétends ni à l’exactitude absolue, ni à l’objectivité idéale. Enfin, il m’est impensable de ne pas remercier les quelques personnes qui m’ont aidé, à des degrés divers, dans la réalisation de ce travail : Gilles Ciment, Julien Falgas, Phiip, Jean-Paul Jennequin, Anthony Rageul, Fred Boot, Benoît Berthou, Antoine Torrens et Jacques Sauteron.

Mon principal espoir en proposant ce texte en pâture aux internautes est que, dans quelques années, la connaissance sur l’histoire de la bande dessinée numérique ait si bien avancée qu’il paraisse terriblement obsolète !